Le canard boiteux n'est pas toujours celui que l'on croit

Il y a une semaine exactement, naissait dans un petit plan d'eau tranquille de mon village bucolique de Bures sur Yvette une dizaine de canetons bicolores tous plus mignons les uns que les autres. Le lendemain, ils n'étaient plus que cinq. Deux jours plus tard, il ne restait de cette jolie équipée qu'un dernier marmot, flottant tête dans l'eau, et à vrai dire, plus très vif.

Si je veux bien croire que sur 10 canetons, quelques-uns n'arrivent pas jusqu'à maturité, la courte espérance de vie de mes protégés m'a fait penser à une quelconque intervention humaine... bien inhumaine. Les cris et l'affolement des parents canards m'ont laissé imaginer le châtiment que les petits avaient dû subir, peu de temps auparavant.

Alors, qu'en pleines vacances de Pâques on se fiche bien du bonheur que peut provoquer aux enfants l'enchantement d'une telle naissance, certes. Mais qu'on prenne je ne sais quel plaisir sadique à supprimer, les uns après les autres, de pauvres petits êtres, cela relève certainement d'un comportement qui a tout oublié (ou n'a jamais appris) du plaisir que provoque la nature. Quelqu'un (quelques-uns ?) qui n'a sans doute jamais rencontré la Coccinelle à sept points.

Alors voilà, en ce jour de Pâques, personne de mauvaise pensée, je te plains de ne pas avoir su préserver ce petit bout de biodiversité, d'avoir martyrisé 10 petits êtres vivants qui ne demandaient qu'à rester vivants.

Si par un heureux hasard, le coupable pouvait lire ces quelques lignes, qu'il sache qu'avec son geste inconsidéré il a blessé bien plus que 10 canetons. Qu'il sache aussi que ma porte lui est ouverte, que je me ferai un plaisir de lui montrer, à travers le temps, pourquoi j'ai choisi la voie de la biodiversité et pourquoi, plus je suis entourée d'être vivants, plus je me sens vivre.